1er-2 février
IMBOLC, CHANDELEUR, SAINT VALENTIN & LES AUTRES...
S'ancrer dans le temps et l'espace, entreprendre le grand voyage de l'introspection, c'est aussi vivre au fil des saisons et se donner des repères. Les fêtes et les rituels ancestraux peuvent être un bon moyen pour apaiser l'esprit lorsqu'il est trop agité... Qu'ils soient religieux ou non, ils nous reconnectent la plupart du temps à la nature, aux cycles des saisons, de la vie.
S'accorder un moment pour arrêter le temps et aiguiser notre esprit fatigué comme on aiguise une lame est parfois la clé pour retrouver notre efficacité en toute sérénité.
Imbolc est le trosième sabbat, dans la roue de l’année, après Yule. C’est un sabbat majeur, à mi-chemin entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps.
Il annonce les premiers signes du printemps qui va bientôt revenir. Il est la promesse que l’hiver ne durera pas et que des jours plus chauds seront bientôt là.
On le célèbre le 1er février et il est plus ancien que la chandeleur célébrée le 2 février dans la tradition chrétienne.
TRADITIONS ANCIENNES & MYTHOLOGIE
Imbolc, une fête religieuse celtique :
À Imbolc, on commence à faire des plans et à « planter » des projets. Juste après le mois de janvier souvent représenté par les « bonnes résolutions », Imbolc est le moment de faire le point sur ce qui pourra germer et s’épanouir.
Dans notre calendrier, c’est l’équinoxe de printemps et Ostara qui symbolisent le passage au Printemps, or, dans le calendrier celtique, c’est Imbolc.
C’est un temps de renouveau, de nettoyage et de renaissance.
Dans l’ancien temps, cette fête païenne célébrait le premier lait donnée par les brebis en Irlande et en Écosse.
Brigid, une déesse multi-tâches :
Autre point très important, Imbolc célébrait la puissante déesse celtique Brigid, née le 1er février, qui se serait manifestée en Irlande sous les trois aspects de la Déesse Terre (vierge, mère et vieille femme).
C’est également la déesse du feu et de la flamme, du changement, de la poésie et de l’inspiration, de la transformation, de la sagesse, du travail, de la guérison, de la créativité, de l’eau, de l’éducation et de l’apprentissage.
La tradition voulait qu’à Imbolc, on ouvra toutes les portes et fenêtres de la maison, les femmes se tenaient alors au seuil pour recevoir les bénédictions de Brigid.
On dit même qu’elle aurait donné l’écriture à l’humanité. On lui attribue encore de nombreuses autres symboliques et inventions .
Enfin, lors d’Imbolc, on préparait ce qui était à venir, on se débarassait des vieilleries qui ne nous servaient plus et on pratiquait l’introspection, on accueillait les commencements et les transformations induites par le passage de l’hiver au printemps.
Les Luper-QUOI ? Les Lupercales !
Chez les Romains, d’autres célébrations rituelles existaient également, il était de coutume de célébrer les Lupercales à la mi-février, fête pendant laquelle ils célébraient Lupercus, dieu de la fécondité et protecteur des troupeaux. Lupercus bénéficiait ainsi d'un hommage lumineux avec l'embrasement de torches.
Ces célébrations s’achevant souvent par des bacchanales (des fêtes religieuses célébrées dans l'Antiquité, où les gens buvaient sans limite), on raconte que les hommes parcouraient la ville et fouettaient les femmes sur le ventre avec des lanières de cuir pour les rendre fertiles, mais quelle bonne idée...
Les chrétiens cherchent bientôt à y mettre bon ordre...et c'est pas plus mal. Au moment de la diffusion du christianisme dans l’Empire romain, les fêtes païennes sont encore très suivies. Il faut les reprendre au compte de l’Église.
Au Vème siècle, le pape Gélase Ier entreprend de contrer les Lupercales en mettant en place une fête de purification de la Vierge le 2 février, qui deviendra la Chandeleur, puis une fête de l’amour spirituel la veille des Lupercales, que l'on célèbre le 14 février. En l’occurrence, le jour de la Saint-Valentin.
La Chandeleur alors, ça consiste en quoi ?
La première eut lieu en 472, lorsque le pape Gélase Ier décida de l’instituer pour lutter contre le paganisme.
Pour les chrétiens, la Chandeleur clôt le cycle de la Nativité, après Noël et l'Épiphanie. Elle commémore la présentation du Christ au temple de Jérusalem et la purification de Marie.
L'étymologie est latine, puisque le nom "chandeleur" vient du latin vulgaire candelorum, de l'expression festa candelarum, soit fête des chandelles.
La fête de la Chandeleur tient donc son nom des chandelles que portaient les fidèles lors des processions qui se déroulaient à Rome,
Dès les Lupercales, pour célébrer la fin de l’année, on allumait des cierges à minuit. Depuis des siècles, la Chandeleur est ainsi associée au retour de la lumière après l’hiver.
Mais attends, quel rapport avec les crêpes ?
Pour célébrer, les Romains cuisinaient des galettes épaisses à base d'eau et de farine de céréales cuites sur des pierres chaudes, qu'ils partageaient lors de la fête des Lupercales pour invoquer le retour du Soleil. Rondes et jaunes, galettes et crêpes ressemblent au disque solaire.
Quand il instaura la Chandeleur, le pape Gélase Ier fit distribuer des galettes - faciles à réaliser - aux nombreux pèlerins qui arrivèrent à Rome. De plus, la crêpe étant confectionnée avec la farine excédentaire de la récolte de l’année précédente, elle est un symbole de prospérité pour l'année à venir.
Plusieurs traditions y sont associées, comme celle de faire sauter la première crêpe de la main droite en tenant un louis d’or (ou une pièce) dans la main gauche. Certains, notamment dans le Sud-Ouest, placent même la première crêpe en haut d’une armoire pour assurer bonheur et prospérité au foyer toute l’année.
Si elles étaient au départ faites d’un mélange de farine et d’eau, les crêpes ont aujourd’hui bien des saveurs. L’occasion pour les grandes enseignes de vendre du sucre, des pâtes à tartiner, de la confiture… de quoi faire travailler nutritionnistes et dentistes !
Mais la Saint Valentin alors, c'est plus ce que c'était ?
Valentin de Terni aurait subi le martyr de l’empereur Claude II durant le festival de Lupercalia. Ce prêtre romain emprisonné serait tombé sous le charme de la fille de son geôlier, alors qu’il attendait son exécution, et aurait échangé avec elle des mots d’amour signés « Ton Valentin ».
Jean-Claude Kaufmann, sociologue et auteur du livre d’Histoire Saint-Valentin, mon amour raconte qu'il y aurait en fait eu entre huit et treize Saints Valentin. L’un d’eux a célébré des mariages chrétiens à Rome à l’époque où ceux-ci étaient persécutés.
Pour cette raison, il aurait été emprisonné, et exécuté un 14 février 270. Pas de fille du geôlier donc, ni de mots doux pour le martyr chrétien.
Valentin de Terni fêté le 14 février est ensuite désigné par l'Église catholique comme saint patron des amoureux avec le pape Alexandre VI qui lui donne le titre de « patron des amoureux » en 1496.
Il faut attendre le XVème siècle pour que la Saint-Valentin prenne un tournant poétique et verse dans l’amour courtois.
Ce tournant est initié en France puis gagne l’Angleterre, où se développe une tradition de poèmes et de dessins d’amour, puis de cartes.
En 1840, ces cartes anglaises gagnent les Etats-Unis et rencontrent instantanément un immense succès, au moment où la jeune nation cherche des célébrations nouvelles.
En gros, rien à voir avec ce que nous célébrons aujourd'hui à coup de chocolats et de fleurs coupées.
Dragon de bois et nouvel chinois :
Enfin, pour finir ce tour du monde des traditions du mois de février, pour ne citer que les plus importantes, en Asie, le nouvel an chinois qui a lieu à la seconde nouvelle lune après le solstice d’hiver, est en fait une ancienne célébration de l’arrivée du printemps et qui marquait la nouvelle année.
TRADITIONS MODERNES
Symbolisme : c’est la lumière au bout du tunnel de l’hiver comme une petite bougie vue dans le lointain. C’est un moment de profonde introspection et de planification.C’est un sabbat très personnel. C’est le moment de se débarasser de ce qui ne marche pas et de faire d’autres plans.
Symboles associés : commencements, préparation, patience, éveil, nouveauté, renouveau, changement, sortie d’hibernation, nettoyage, fertilité et transitions.
Couleurs : blanc pour le nettoyage, la paix, la guérison, la vérité, l’innoncence, l’enfance / Jaune pour la joie, la vitalité, la créativité, le soleil, la communication / Rose pour l’harmonie, la tendresse, l’amour, / Vert clair pour la fertilité, l’abondance, la santé, la prospérité, les nouveaux commencements
Encens ou huiles essentielles : cèdre, menthe poivrée, basilic, cannelle
Cristaux et pierres : améthyste (rêves, guérison, transformation), turquoise (attraction, force intérieure)
Animaux : alouette, cygne (éveil, beauté, grâce), dragon (courage, dignité, gardien, sagesse), marmotte (communauté, cycles, famillle), mouton (alimentation, sécurité, soutien), rouge-gorge (présages), serpent (ruse, changements, mue), vache(nourriture, grossesse, foyer)
Fleurs et plantes : angélique (équilibre, nouveaux commencements), armoise, basilic (clarté, divination), cannelle, céréales (abondance, fertilité), ronce, roseau , crocus (renaissance), jonquille (fées, persévérance, magie)
Arbres : cèdre (affection, calme), prunellier, sorbier (autorité, défis), sycomore (détérmination)
Outils : croix de Brigid, poupée de grain, lit de Brid, bougies, chaudron, balai, sifflet
Archétypes : féminins : la Déesse qui se transforme de Vieille feme en Vierge, la Déesse sous la forme de la jeune mère s’occupant de son enfant qui grandit. Masculins : le Dieu sous la forme de l’enfant qui explore le monde, l’innocence du masculin.
Divinités : Brigid (irlandaise), Aphrodite/Vénus (gréco-romaine), Diane (étrusque/romaine), Athéna (grecque), Gaïa (grecque), Junon (romaine), Cupidon (romain), Februus (romain)
Rituels pour célébrer Imbolc :
Création : fabriquer une poupée de grain, une croix de Brigid, fabriquer des bougies
Rituels : faire du nettoyage, plantez une graine, faire des plans pour l’avenir
Gratitude : remerciez un inconnu qui le mérite
Se préparer au printemps : acheter les graines que vous allez semer au printemps,
Recette : faire des biscuits de la fortune, faire des crêpes
Manger : yahourts, fromages, produits laitiers, crêpes
Boire : lait chaud ou chocolat chaud, milkshakes, tous les produits laitiers, bière, hydromel.
Tous ces rituels en feront sourire certains, pourtant en y mettant de l'intention, ce sont des actes symboliques forts qui peuvent aider des personnes perdues à retrouver leur chemin et à se (re)connecter aux cycles des saisons, de la Nature, de la Vie.
J'espère que cette parenthèse vous aura apporté ce que vous étiez venu chercher...
Bon alors, on les mange ces crêpes ??
Bibliographie:
"Imbolc, rituels, recette et traditions de la Chandeleur", éditions Danaé,
Geo Magazine
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